À la différence des tests en présentiel, un test utilisateur à distance est asynchrone et non-modéré, ce qui implique une grande vigilance quant à la qualité de la rédaction du protocole de test. Tout l'enjeu d'un bon protocole consiste en effet à mettre en situation l’utilisateur afin d’observer ses comportements, ses réactions, sa réussite dans la réalisation de tâches prédéfinies en s'assurant qu'elles soient cohérentes, réalisables et non biaisées.

🚨 Les spécificités d'un test non-modéré

Par définition, un test non-modéré est à réaliser seul et sans modération. C'est une information à garder à l'esprit car cela implique que :

• Vous ne pourrez pas rebondir sur les réponses des testeurs et testeuses.  
• Vous ne pourrez pas les aider s'ils ou elles se perdent durant le test.
• Vous ne pourrez pas les recadrer s'ils ou elles se dispersent.
• Vous ne pourrez pas reformuler une question s'ils ou elles ne la comprennent pas. 

C'est pourquoi, la rédaction du protocole est l'étape clé de votre étude.

La rédaction des consignes

Voici quelques conseils pour vous assurer de rédiger un protocole qui permettra à l'utilisateur ou l'utilisatrice de réaliser sereinement son test.

Les consignes devront être :

➜ Succinctes

Évitez les consignes "à tiroir" comportant de multiples questions au sein d'une même consigne.

• Ce qu'il ne faut pas faire : "Cherchez un séjour tout inclus. Qu’est-ce qui vous a plu ? Pourquoi ? Que pensez-vous du design ? De l’offre en ½ pension ? Comment améliorer le parcours ?"

➜ Structurées

Séparez les consignes d’action (utilisabilité / navigation) des consignes de verbalisation (compréhension / attentes / perception). De plus, rappelez autant que possible où les participant·es doivent s'arrêter dans le parcours. Enfin, pour faciliter la lecture des consignes, utilisez des couleurs, de la graisse et des listes à puces. 

• Ce qu'il faut faire :
  • "Action à réaliser : Tout en commentant votre parcours à voix haute, faites les actions nécessaires pour xxxx . Arrêtez-vous quand vous êtes à la page nommée “xxxx“
  • Question : Réaliser cette action vous a paru facile / difficile ? Pourquoi ?"

➜ Indépendantes autant que possible

L’échec à une consigne ne doit pas entraîner un échec aux consignes suivantes.

• Ce qu'il faut faire : "Si vous n'avez pas réussi la tâche précédente, cliquez ici." 

➜ Encourageantes  

Incitez les testeurs à exprimer leurs pensées et rassurez-les. 

• Ce qu'il faut faire : "Avec vos propres mots, expliquez ce que vous avez compris ou pas compris de l'offre" OU "À vos yeux, quels sont les éléments indispensable et les éléments superflus." OU "Expliquez-nous pourquoi."

💡 Tips : Comment récolter le plus d'insights ? Demandez aux participant·es de vous donner des exemples, de reformuler un contenu ou, simplement, rajouter "Pourquoi" après une question. 

Et surtout ... RECETTEZ VOTRE TEST ! 🙂 L'idéal est de faire tester votre protocole à une personne "naïve" qui n'a pas participé à son élaboration. 

Les biais des consignes

Le choix des mots aura une grande importance car ils peuvent biaiser le comportement ou les retours. Pour obtenir des résultats fiables, il faut faire preuve de vigilance et de rigueur.

Voici quelques astuces pour ne pas biaiser les réponses :

⚠️ Guider le testeur... mais pas trop : ne pas communiquer trop d’informations ; mais uniquement celles nécessaires pour compléter les consignes proposées. 

• Ce qu'il ne faut pas faire : "Accéder à la page produit en cliquant sur le bouton "En savoir plus" situé en bas à droite. ... La page produit était-elle suffisamment accessible ?"
• Ce qu'il faut faire : "Vous souhaitez avoir plus de détails sur ce produit, où cliqueriez-vous ?"

⚠️ Ne pas être ambigu : vos questions doivent être claires. L'utilisateur·rice doit comprendre parfaitement la question posée afin de répondre de manière précise. 

• Ce qu'il ne faut pas faire : "Etiez-vous plus ou moins à l’aise pendant la navigation  ?"
• Ce qu'il faut faire : "Faire votre réservation sur ce site vous a paru facile/difficile ?"

⚠️ Éviter le biais d'acquiescement : veillez à proposer équitablement deux valences (positive et négative) lorsque vous souhaitez évaluer un élément. 

• Ce qu'il ne faut pas faire : "Avez-vous trouvé cela facile ?"
• Ce qu'il faut faire : "Faire votre réservation sur ce site vous a paru facile/difficile ?"

💡 Tips : Pour évaluer la clarté des informations, essayez d’identifier ce qu’ont compris les testeurs : plutôt que “L’offre est-elle claire / pas claire pour vous ? Pourquoi ?” demandez-leur plutôt : “Expliquez avec vos propres mots ce que vous avez compris de l’offre”

⚠️ Ne pas induire une idée : autant que possible, laissez l'utilisateur choisir ses propres mots pour caractériser son expérience. Nous vous conseillons de laisser le choix ouvert ou bien de proposer différents qualificatifs. 

• Ce qu'il ne faut pas faire : "Vous assurer de cette façon vous effraie t-il ?"
  
• Ce qu'il faut faire : "Quel(s) sentiment(s) cela vous procure ?"
  

Voici une liste de biais cognitifs à considérer dans le cadre d'un test utilisateur : cliquez ici

Bien choisir les mots - La taxonomie de Bloom

La taxonomie de Bloom est un modèle intéressant utilisé en pédagogie. Il propose une classification des niveaux d'acquisition des connaissances (de la simple restitution de faits jusqu'à la manipulation complexe des concepts). À chaque niveau on retrouve des verbes d'action spécifiques.

💡 Inspirez-vous de ces verbes d'action pour rédiger votre protocole : 

Pour aller plus loin :

👉 Maintenant que vous avez connaissance des biais possibles, vous être prêt à rédiger votre protocole : 

• Comment rédiger un protocole vidéo non modérée ?
• Comment rédiger un protocole questionnaire ?
• Comment rédiger un protocole de sondage ?

📚 Faites un tour dans notre bibliothèque de protocoles prêts à l'emploi !